Rien ne sera plus comme avant.

Le choc financier de ces derniers mois est le symptôme supplémentaire d'un profond bouleversement socioéconomique entamé il y a deux décennies.

Mondialisation, nouvelles technologies, développement durable. Progressivement, émerge un nouveau modèle de société.

Il y a plus de 50 ans, l'économiste Peter Drucker écrivait :

"l'entreprise n'a que deux objectifs : le marketing et l'innovation".

Vu de votre entreprise, de votre secteur d'activité, de votre marché, exprimez et partagez sur ce blog votre analyse et votre expérience de dirigeant de TPE-PME sur la mutation marketing ainsi engagée : concurrence, nouveaux usages et attentes de vos clients, gisements de croissance, etc. et leurs conséquences sur vos offres à venir.

Comment monDirecteurMarketing analyse les mutations en cours.


Nos prédictions sectorielles :

>Internet Informatique Télécom



jeudi 19 novembre 2009

Evolution des mentalités des professionnels du marketing

Récemment, un anthropologue ayant visité ce blog m'écrivait :
"Comment le marketing qui depuis les années soixante (...) a été orienté vers le toujours plus, va pouvoir passer à une pratique orientée vers une consommation plus économe en matière première et en énergie. C’est une vraie révolution mentale. Je constate aussi beaucoup de tensions entre les R&D et les directions marketing".


Comment concevoir, lancer, promouvoir et développer des offres plus économes, plus frugales, plus responsables, plus durables ? Cela ressemble à la quadrature du cercle, si l’on postule que le marketing est motivé par la profitabilité, la surconsommation, le cynisme et le gaspillage !
Mais si l’on admet que le marketing, c’est plus rationnellement la mise en adéquation de l’offre et de la demande, alors les contraintes environnementales et macroéconomiques qui s’exercent progressivement sur la demande (pouvoir d’achat, sensibilité écologique, …) vont impacter les fournisseurs, tandis que celles qui s’exercent sur l’offre (raréfaction des énergies fossiles, technologies de l’information, …) vont influencer les modes de consommation.

En somme, si l'on ne peut pas faire confiance au marketing pour introduire de la morale – le business est amoral, comme chacun sait ! – on peut lui faire confiance pour deviner, comprendre, anticiper et s’adapter à des tendances lourdes et inéluctables, ne fût-ce que par opportunisme… Ainsi s’accomplissent les mutations !
Le marketing ne provoque quasiment jamais de ruptures épistémologiques (on reproche à ceux qui le font d’avoir eu raison trop tôt…), mais il les accompagne, voire les anticipe, et généralement les accélère. Ce n’est déjà pas si mal.

Une illustration : les constructeurs automobiles. Ça fait 35 ans qu’on annonce la fin du pétrole (à tort à l’époque), ça fait 25 ans qu’on presse les industriels d’élaborer des voitures propres (trop prématurément), ça fait 15 ans qu’ils bredouillaient des véhicules de plus ou moins nouvelle génération (un grand feu d’artifice de voitures électriques, GPL, à hydrogène, à vapeur !), mais ça fait seulement 5 ans qu’une prise de conscience massive s’opère dans les mentalités et auprès des pouvoirs publics. Le déclic. Depuis, Toyota a ouvert le bal avec un véhicule hybride viable fabriqué à grande échelle. En France, Renault et Peugeot annoncent des modèles industriels pour 2011. Dans 5 ans, la majorité des véhicules neufs seront hybrides voire électriques.

À ce titre, la crise financière de ces derniers mois est aussi un déclic, pour ne pas dire un clash.
Elle est à elle seule un symptôme, un cause et un effet des désordres de notre économie, qui est elle-même un reflet fidèle de notre modèle de société. Car, au-delà des seuls indicateurs de PIB, d’inflation et de chômage, il est question ici de dématérialisation de notre environnement, de virtualisation des relations, d’iniquités socioéconomiques institutionnalisées, d’hyperindividualisme revendiqué, de découplage du travail et de la rémunération, etc. Un cas d’étude sociologique en soi !
Quelles mutations cette dernière crise en date inaugure-t-elle ? Résignation ou réforme ? C’est une question qui taraude le citoyen et le professionnel du marketing que je suis.

Ce qui me semble certain, c'est que le débat ne porte pas sur le passage à une économie de décroissance, de régression, de partage de la pénurie, voire de paupérisation. Cette voie serait suicidaire, car elle marquerait pour la première fois de l'Histoire le déclin volontaire d'une civilisation et une forme de déchéance assumée du genre humain...
Le défi est au contraire de trouver des relais de développement, de nouveaux gisements de croissance, des idées pour un avenir universellement viable. L'économie de marché ne se réduit pas à la surconsommation et au libéralisme échevelé. Elle est l'infrastructure antédiluvienne de toutes les sociétés évoluées fondées sur l'échange et la recherche du progrès.

Ainsi, dans une optique de consommation responsable, penser :
1) les produits, non plus comme des objets usables et jetables, mais comme des organes intégrés à notre environnement, doués d'une existence propre (traçabilité, maintenance, renouvellement, recyclage, ...) ;
2) les services, non plus comme des options onéreuses, mais comme un processus inhérent aux produits, inscrit dans la permanence et la récurrence ;
tels me semblent être les axes structurants du marketing du XXI° siècle.

lundi 16 novembre 2009

Consommation durable et typologie de consommateurs 2009

Un recentrage vers l’essentiel et une volonté de changement des modes de vie et de consommation : tel est le principal enseignement de l'enquête Ethicity - Ademe - TNS sur la relation des consommateurs au développement durable publiée en avril 2009.


Le Noyau dur moteur de l’intégration : 45 % de la population

Les accomplis (14%) : Le choix garanti
Surpondéré chez les actifs et retraités CSP+ avec diplôme supérieur, ils intègrent le développement durable dans leur style de vie. Plus de 40 ans, leur réussite professionnelle et leurs moyens financiers leur permettent d'agir de façon responsable. Ils achètent régulièrement des produits durables. Ils font confiance aux labels pour cela. Pour eux la recherche du profit est compatible avec le respect de l’environnement et la qualité sociale de production. Il faut leur proposer du choix et ils vont vérifier les preuves et l'efficacité de leurs actes durables.

Les solidaires (11%) : La preuve de l’impact de leur choix
En seconde partie de leur carrière, ces CSP+ se sentent très concernés par l'éthique de la vie. Ils ont une vision assez holistique et reconnaissent la nécessité d'agir ici dans leur périmètre de vie et là bas dans le monde. Il faut les réassurer sur le partage des bénéfices, l'équité, et l’influence économique de leurs choix. Ils ont besoin de transparence et nécessitent d'être guidés sur la compréhension des impacts positifs de leur consommation. Il faut les motiver en leur démontrant l'effet économique de leurs actions.

Les libéraux (12%) : La croissance verte
Surpondérés chez les plus de 45 ans, ils ont réussi dans la vie. Ils comprennent les ressorts de l'économie et ont bien intégré le potentiel d'une croissance verte. Très ouverts, ils sur-expriment leurs convictions. Ils ont besoin d'être informés, et attendent des résultats, de l'efficacité. (Ils font davantage confiance aux entreprises pour y arriver.) Ils doivent être confortés dans l'idée que le développement durable ne coûte pas à la société, mais bien au contraire.

Les familiaux (8%) : Les bénéfices personnels
Actifs CSP+ et étudiants âgés de 15 à 45 ans surpondérés à Paris et sa région. Ils s'attachent aux enjeux environnementaux et aux questions de santé. Plutôt dans l'économie ménagère, ils favorisent le juste usage. Pour eux la crise économique actuelle est une vraie occasion de revoir nos modes de vies et de comportement. Ils veulent voir les bénéfices personnels (financier et santé) de leur consommation : il faut qu’ils y trouvent un intérêt et que ce soit moins cher.

Ceux qu’il faut aider davantage : 30 % de la population

Les régionaux (16%) : A valoriser
Encore jeunes et plutôt modestes, ils se rattachent à leurs valeurs, à leur "bon sens paysan". Ils sont attentifs à la traçabilité humaine et environnementale des produits qu'ils consomment, et sont sensibles aux problématiques de l'emploi. Ils ont besoin d'être respectés, reconnus. Il faut savoir les valoriser à travers leurs actes.

Les repliés (14%) : Montrer concrètement les impacts locaux
Plutôt jeunes, ouvriers, étudiants, ou sans activité, ils ont un revenu assez modeste et tendent à limiter leur consommation. Ils privilégient les produits français, et un bon rapport qualité prix. Pour eux consommer de manière responsable c’est consommer moins et local. Très pragmatiques, il faut leur donner les clés d'une consommation plus responsable, tout en considérant que leur priorité reste le quotidien. Ils ont donc besoin de preuve, de concret, et d'accessibilité.

Ceux qui se marginalisent : 25 % de la population

Les protestataires (8%) : Dialoguer
Retraités de classe moyenne, ils n'ont pas confiance dans les grandes entreprises et ne croient plus aux politiques. Leur engagement est plutôt social, ils sont très sensibles aux inégalités. Ils ne veulent pas payer la crise et expriment un fort besoin de solidarité. Ils ne font pas confiance aux labels, et, pour eux, le Développement Durable n’est qu'une mode. Il faut leur fournir plus de transparence sur la répartition de la valeur.

Les "sans opinion" (12%) : Redonner du sens collectif
Retraités modestes de banlieue urbaine, ils sont peu impliqués. Peu critiques, ils sont très malléables. Ils ont tendance à faire confiance aux autres et s'intègrent facilement dans des actions collectives. Le meilleur moyen de les sensibiliser est donc de leur redonner du sens via le collectif.

Les rebelles (6%) : Les tenir informés de façon plus moderne
Groupe jeunes (18-44ans), ils ne sont pas satisfaits de leur situation professionnelle. Ils ont du mal à percevoir un futur meilleur et ne voient pas comment ils pourraient changer les choses. Ils ne sont pas encore sur le chemin du Développement Durable. Ne pas s’impliquer les valorise. Il faut les informer de façon plus moderne et leur montrer les bénéfices du développement durable pour eux.

samedi 14 novembre 2009

Prédictions secteur Internet Informatique Télécom


C'est le secteur qui profitera le plus fortement et le plus durablement des mutations en cours, car il accompagne au plus près les nouveaux usages qui apparaissent à cette faveur. La convergence fixe-mobile, voix-données, etc. poursuit son irréductible avancée à mesure que les frontières traditionnelles du temps et de l'espace se dissipent dans les vies complexes et imbriquées des individus. Les principales innovations viennent moins de l'infrastructure, désormais mature et en déploiement généralisé, que des applications et des services.


Dans le grand public, les services individualisés l'emportent sur les médias de masse traditionnels, les repères identitaires sur les marques fédératrices :
- chaînes TV ciblées, thématiques, locales,
- vidéo à la demande, rattrapage TV , podcast radio,
- sonorisation et ambiançage vidéo personnalisés des espaces publics, points de vente, bars et restaurants,
- blogs personnels et réseaux sociaux communautaires,
- portails personnalisés (mashups),
- services géolocalisés / Location Based Services (films ou restaurants à proximité, promotions de commerçants, news de la ville, informations touristiques, ;..)
- auto-journalisme en ligne (CNN, ...).

On assiste enfin à l'essor de la domotique intelligente tant annoncée :
- tous les objets communicants de la maison sont interconnectés (ordinateur, mobile, console de jeux, cadre numérique, téléphone résidentiel, chaine HiFi, ...) et permettent notamment de partager vidéos, photos, musiques, ...
- surveillance et télésurveillance de la maison,
- commande locale ou à distance, programmée ou manuelle, des appareils domestiques (chauffage, volets, portes, arrosage du jardin, éclairages, audio-vidéo, ...)
- gestion de stocks des denrées alimentaires et des produits ménagers en liaison avec les achats en ligne,
- sonorisation et équipement vidéo en réseau dans l'ensemble des pièces de la maison,
- apparition des premiers robots ménagers (aspirateur, vidéosurveillance mobile,...) ou de loisirs connectés,
- réseau domestique étendu au voisinage, aux prestataires de la résidence (syndic, plombier, mairie, services d'urgence, ...).

Le livre, outil fondateur du savoir et de la culture, trouve enfin la place qui lui revient dans l'ère numérique :
- le web est, de fait, la plus grande bibliothèque du monde, mais aussi la plus pratique (accès instantané, indexation, collecte, navigation de proche en proche, ouverture multimédia, ...),
- les programmes de bibliothèques numériques (Wikipedia, Wiktionary, ...) font florès (Europeana, ...) et structurent le savoir en mode contributif et évolutif,
- les médias papier disposent tous d'une édition Internet complémentaire, qui trouve sa propre autonomie dans la réactivité et l'approfondissement,
- les livres traditionnels assurent l'interace avec le virtuel par l'insertion de liens html, de codes-barres, et l'adjonction de supports multimédias (CD-ROM, cartes mémoire, micro-clés USB, ...),
- les romans multi-auteurs, les mail-romans, l'auto-production d'écrits se développent et témoignent d'une grande vitalité littéraire,
- le problème du support (lisibilité, portabilité, matérialité) est partiellement résolu par l'avènement si attendu du e-book à papier et encre électroniques,
- de nouveaux outils pédagogiques, faisant la passerelle entre la toile et le monde réel, sont introduits à l'école et à l'université.

Le mobile intelligent (smarphone, PDA, ultra-portable, ...) devient un outil prédominant pour une majorité d'individus :
- joignabilité multimédia (téléphone, email, SMS, ...),
- organisation / réorganisation permanente de son planning,
- géolocalisation, contrôle à distance, optimisation de tournée,
- accès transparent aux ressources de l'entreprise (annuaires, documents, ...),
- accès en temps réel à la toile,
- consommation géolocalisée (SMS-mailing, codes-barres mobiles, recherche de proximité, ...),
- interaction sociale (échange de cartes de visites virtuelles, détection mutuelle, ...),
- TV sur mobile,
- paiement sur mobile,
- après l'ultra-portable, alternative PC au PDA, apparaît le PC sur clé USB, consacrant la convergence totale fixe-mobile et voix-données.

Les caractéristiques formelles de l'entreprise sont redéfinies, jusqu'à l'échelle de l'individu, pour servir un objectif d'efficacité, d'économies et d'adaptabilité :
- partenariats ad hoc et groupement d'entreprises,
- intégration des processus avec les fournisseurs, sous-traitants, clients, banquiers, ...
- organisation en franchises et autres réseaux synergiques,
- nomadisme, télétravail,
- recours aux freelances, externalisation de fonctions (finance, RH, marketing, ...).
Ces nouveaux modes d'organisation sous-tendent de nouvelles architectures informatiques et de nouveaux modes de communication, qui restent à mettre en œuvre dans la plupart des entreprises.

A cause de cela, les offres web 2.0 deviennent une réalité, non plus seulement dans la sphère privée, mais désormais dans le monde de l'entreprise :
- réseaux socioprofessionnels,
- places de marché,
- travail collaboratif, gestion de contributions multiples, gestion de projets en réseau,
- écoute permanente du marché et interaction avec les clients (enquêtes en ligne, forums, ...),
- interconnexions applicatives,
- visioconférence, e-learning, rich media, …
La question de la localisation des machines et des ressources devient moins importante que celle de la permanence, l'universalité, l'ubiquité, l'interopérabilité et la qualité du service apporté (SaaS, SOA, cloud computing).

On voit poindre la génération web 3.0, qui fait entrer les applications Internet dans le monde du naturel et de l'intuitif :
- moteurs de recherche sémantiques, accès à l'information recherchée en langage naturel,
- nouvelles méthodes de représentation, de classement et d'accès aux connaissances,
- interfaces graphiques informatiques de nouvelle génération utilisant les 3 dimensions spatiales qui nous sont habituelles,
- ultra-personnalisation des informations provenant de sources composites (mashup, RSS, ...),
- identification unique et universelle des internautes,
- fusion des données signalétiques personnelles publiées (blog, CV en ligne, profil sur réseaux sociaux, ...) en une "e-Biographie" publique,
- mise en relation automatique par affinités (sociale, professionnelle, géographique, ...), par exemple services automatiques de covoiturage, postulation instantanée à une offre d'emploi...
- enrichissement des modes de segmentation, typologie, profilage, ciblage et adressage de populations de prospects et clients,
- capteurs intelligents pour la traçabilité instantanée et complète de tout produit, pour des raisons sanitaires, éthiques, informatives, etc.
- workflows d'entreprise auto-adaptatifs,
- ERP interactifs avec les objets et processus (stocks, clients, ...) trackés via le web (RFID, codes-barres, ...),
- outils plus pointus de veille de marché, d'intelligence économique,
- systèmes de Business Intelligence auto-générateurs d'indicateurs clés, de tableaux de bord, d'alertes et de prévisions,
- méthodes d'apprentissage adaptées aux processus cognitifs humains.

L'open source s'impose partout, non comme l'utopie d'une alternative gratuite, mais comme la quintessence du modèle SaaS (Software as a Service) par lequel la valeur réside moins dans le produit logiciel lui-même que dans les services qui l'entourent :
- customisation des solutions à partir de socles applicatifs génériques,
- interopérabilité avec le reste du système d'information et celui des partenaires,
- évolutivité et ouverture logicielle pour des développements maison, réappropriation sans dépendance vis-à-vis d'un prestataire
- service clients, SAV, hotline technique irréprochables,
- modèle locatif économiquement plus pertinent (facturation tout compris, trésorerie versus investissement).

A tous les échelons, et au-delà de la seule résorption de la fracture numérique, les collectivités publiques jouent un rôle croissant dans la diffusion des nouvelles technologies :
- simplification des procédures et formalités administratives de l'Etat,
- informations civiques et communication au niveau des régions et départements,
- portails municipaux fédérateurs de commerçants et entrepreneurs,
- plateformes TIC proposées par les agences de développement économique, pépinières d'entreprises, etc.

Nouveaux profils de consommateurs selon Nelly Rodi

Si la crise avait du bon parce qu’elle nous contraignait à une régénération de nos modèles et de nos manières d’être ensemble ? Vincent Grégoire, de Nelly Rodi, observe quatre attitudes émergentes chez les consommateurs.

- Les Evolutionnaires :
Ces consommateurs privilégient le partage et le groupe. Le « moi-je » est passé au «moi-nous». La nouvelle modestie remet l’humain, la solidarité, la justesse, l’éthique, l’intelligence collective et la simplicité de vie au coeur des attentes. Les «évolutionnaires» souhaitent également plus de proximité et enchanter le quotidien en bas de chez eux.

- Les Emotechnos :
Ce sont plutôt des femmes et des seniors qui commencent à se dire qu’il faut préparer l’avenir en douceur. La «soft technologie», fluide et sensuelle, s’infiltre dans tous les domaines. Elle se met au service des émotions et des sens pour simplifier et poétiser la vie.

- Les Activistes Expérimentaux :
Des consommateurs qui ont envie de vivre des expériences fortes à travers les produits (par exemple avec des dopants naturels) et on retourne à un certain
mystère, comme celui des restaus et des bars clandestins ou éphémères.

- Les Sophistocrates Anartistes :
Les individus en ont assez de subir le système. Ils veulent devenir acteurs de leur vie et laisser libre cours à leur fantaisie et à la dérision. C’est l’avènement du «glumour» (mélange de glamour et humour).

L'analyse de Francoscopie 2010


Une première remarque s'impose : les Français n'ont pas découvert la " crise " en 2007, à l'occasion du scandale des subprimes et des " fonds toxiques ", puis du krach économique de septembre 2008. De nombreux signes montrent qu'elle était présente dans leur esprit depuis une quinzaine d'années. Leur conviction est ancienne, en effet, d'un emballement du monde, d'un déclin de la France, d'une baisse du pouvoir d'achat, d'un dévoiement du " progrès ", d'une accumulation des dettes et des menaces. Les Français détiennent depuis des années le record peu enviable du pessimisme, mesuré par les sondages.
L'annonce " officielle " de la crise puis celle de la récession économique ont donc constitué un véritable traumatisme : on n'avait encore rien vu ; c'était maintenant que les difficultés commençaient vraiment ! Si l'on veut résumer par un mot les transformations intervenues au cours des dernières années, c'est celui de rupture qui vient à l'esprit.

Ruptures dans la vision de la vie

C'est la conception de la vie dans son ensemble qui a été bouleversée depuis quelques années, avec une accélération forte depuis 2007. La relation des Français au temps a été transformée : improvisation plutôt que planification ; mélange des activités ; temps morts détestés, temps forts recherchés… Le rapport à l'espace a connu la même évolution, avec le " don d'ubiquité " conféré par les outils technologiques (Internet, téléphone portable, GPS…), la multiplication des lieux de vie ou le nomadisme. Un nouvel espace-temps s'est ainsi construit, bousculant les habitudes, la culture, peut-être la nature humaine.

La relation qu'entretiennent les Français à leur corps a aussi changé : il est devenu moins " vitrine " et davantage " miroir ". Ils ne se nourrissent plus de la même façon (produits biologiques, retour au " fait maison " ; " alicaments "…). Ils attachent à la santé une importance croissante, qui se traduit par la hausse continue des dépenses.

La vie familiale reste prioritaire, mais elle est de plus en plus "
accidentée ", avec là encore une multiplication des " ruptures " au sein des couples : séparations, divorces, recompositions… Le foyer joue un rôle primordial : lorsque c'est " dur dehors ", il faut que ce soit " doux dedans ". Si l'on ne peut attribuer le fort taux de natalité de la France à un optimisme concernant l'avenir du monde, on peut l'expliquer par la volonté de chacun de créer une " bulle " à l'abri des autres, qui donne un sens à sa vie. Faire des enfants, les élever, partager avec eux, c'est un moyen d'oublier l'extérieur, de s'en éloigner et de s'en protéger. C'est surtout créer son propre monde, que l'on peut comprendre, façonner, maîtriser. 61 % des Français estiment ainsi que " la famille est le seul endroit où l'on se sent bien et détendu " (Crédoc, janvier 2009).

Enfin, l'argent a été placé au centre de tout. Longtemps tabou, il est devenu omniprésent dans les conversations, les médias. Le plus souvent pour dénoncer les abus qu'il engendre chez les " riches ", les inégalités et injustices qu'il induit parmi les " pauvres ". Dans l'imagerie populaire, l'argent apparaît comme à la fois nécessaire et toujours insuffisant. On se défend d'y attacher de l'importance, mais on se bat pour en avoir davantage. Il est plus porteur de frustrations que de satisfactions.

Ruptures dans la vie sociale

La vie en société s'est globalement désagrégée, au profit des appartenances familiales, mais aussi de plus en plus tribales, claniques, communautaires, souvent virtuelles et éphémères. Pour beaucoup de Français, la collectivité nationale a perdu du sens et le mot citoyen du contenu. Le " modèle républicain ", globalisant et uniformisateur, apparaît obsolète à une époque où chacun veut être reconnu pour lui-même et vivre avec ceux qui lui ressemblent.

La France vit ainsi de plus en plus en anomie. À défaut d'un système de valeurs commun au plus grand nombre et permettant de conduire sa vie en participant à celle des autres, d'autres systèmes apparaissent et se diversifient. Dans un contexte de " chacun pour soi " et de rejet des acteurs sociaux, des accommodements sont pris avec la " morale ". Les codes traditionnels de la politesse sont cassés, des limites autrefois implicites sont franchies. Ils sont remplacés par d'autres, plus restreints dans leur champ d'application, moins contraignants, souvent provisoires. Les " barrières invisibles " n'ont pas disparu, elles ont été déplacées. La relation aux autres a été bouleversée par l'usage croissant des outils de communication, qui permettent à la fois de parler à tous et de sélectionner les interlocuteurs. Les fractures sociales se sont diversifiées. Le fossé s'est élargi entre les groupes sociaux (ci-après).

Ruptures dans le travail

Dans une société où il est redevenu incertain et précaire, le travail est de plus en plus mal vécu. Il est générateur d'un stress qui atteint désormais la plupart des actifs. La vie professionnelle est moins considérée comme un moyen de s'épanouir ou de s'accomplir. Le travail est pour beaucoup de Français une obligation ; il est pour certains une malédiction. Même s'il occupe de moins en moins de temps, il prend de plus en plus de place. Il est l'illustration de la dépendance des uns (exploités, harcelés, mal rémunérés…) par rapport aux autres (exploiteurs, profiteurs, privilégiés…).

Une nouvelle lutte des classes se développe ainsi. Elle n'est plus alimentée par la frustration des ouvriers et des sans-grade, mais par celle des " classes moyennes ", qui se sentent oubliées de la croissance et du " progrès ". La bipolarisation, que l'on observe dans de nombreux secteurs (consommation…), a gagné l'ensemble de la pyramide professionnelle. On est privilégié en haut et assisté en bas, mais peu pris en compte au milieu. Ce malaise de la " moyenne " fait des ravages. Il met en cause le modèle de développement sur lequel était fondée la société, notamment pendant les Trente Glorieuses : la promesse faite à chacun qu'il peut, en montant dans l'ascenseur social, accéder aux étages supérieurs.

Ruptures dans la consommation

Les transformations en cours sont particulièrement apparentes dans les attitudes et les comportements des consommateurs. Les Français s'interrogent sur l'importance qu'il faut donner à la consommation, qui leur est de plus en plus présentée comme une arme de destruction massive. Ils savent cependant qu'elle leur apporte des satisfactions au quotidien. Ils savent aussi qu'elle est essentielle au maintien de l'activité, donc de l'emploi et des revenus. Mais ils cherchent aujourd'hui un modèle qui pourrait la remplacer. Ils sont en train d'en essayer plusieurs, concurrents et complémentaires : frugalité ; prime au qualitatif ; achats responsables ; recherche du moins cher ; " déconsommation "...

Pourtant, pendant la crise, la consommation continue, même si elle est plus hésitante, plus dépendante de l'actualité, voire du temps qu'il fait. Contrairement au sentiment général, le pouvoir d'achat de la grande majorité des Français n'a pas diminué, mais il est fragilisé par la montée du chômage et les difficultés de nombreuses entreprises.
Le vouloir d'achat demeure, mais il prend d'autres formes, plus responsables : la consommation est une forme de consolation. Le savoir d'achat s'est en tout cas considérablement accru. La course à la "
bonne affaire " est un sport national, facilité par les conseils des médias et, surtout, les échanges entre " pairs ", au moyen des forums, blogs et autres outils de buzz (bouche-à-oreille électronique). En attendant, peut-être, l'apparition d'un " devoir d'achat ", contribution volontaire ou subie de chacun à la poursuite de l'activité économique.

On n'observe donc pas seulement l'apparition d'une " consommation de crise ", mais aussi et surtout d'une crise de la consommation. L'enjeu est de concilier les nécessités de développement économique et les contraintes écologiques. La " consommation durable " est l'une des conditions de la survie de la société et de la planète, le défi majeur pour les décennies à venir. La " quadrature du siècle ".

Ruptures dans les loisirs

Le temps libre représente l'essentiel de la vie, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. On s'exprime, on se valorise, on se divertit (au sens pascalien) avec les innombrables possibilités de loisirs. Mais on cherche à rester maître de son temps. Les médias sont ainsi de plus en plus consommés " à la demande ". Il en est de même de la musique, des activités sportives ou artistiques. La plupart sont pratiquées en amateur, à son propre rythme, sans esprit de compétition. C'est plus en tant que spectateurs que les Français s'intéressent à la compétition, qu'elle se déroule dans un stade, une émission de téléréalité ou l'arène politique. Elle est pour eux un jeu, un moyen de défoulement, un outil de rêve et de projection, une façon aussi de vivre " par procuration ".

Même les vacances, qui sont déjà censées permettre une " rupture "
avec le quotidien, connaissent des transformations dans les pratiques.
Les vacanciers partent plus souvent, moins longtemps, de préférence pour moins cher. Mais ils ne sont pas plus nombreux à partir, le processus de la démocratisation s'étant interrompu depuis quelques années.

Ruptures idéologiques

Les Français avaient déjà pris leurs distances avec le système économique et politique d'essence libéral-capitaliste-mondialiste. Le divorce est désormais consommé. Ils le jugent en effet responsable des dérives financières, économiques, sociales, environnementales qui se sont produites et qui ont placé le monde devant de grandes difficultés.

La rupture est apparente avec les auteurs de ces déviations. La "
détestation des élites ", sensible déjà depuis quelques années, a été fortement amplifiée par les agissements coupables de spéculateurs et profiteurs avides, cupides. Parfois stupides, aussi, si l'on en juge par leurs comportements irrationnels (et mimétiques). D'autant que leurs réactions, sous la pression de la vindicte publique, ont montré qu'ils ne vivaient pas dans le " vrai monde ". Ce qui ne laisse pas d'inquiéter ceux qui y sont plongés.

La " crise " actuelle est sans doute la conséquence d'erreurs individuelles et collectives. Elle peut être regardée principalement comme une crise de la confiance, qui en est à la fois cause et conséquence. Elle pourrait déboucher sur d'autres crises, notamment sociale et budgétaire. Des risques majeurs apparaissent donc pour l'avenir de la France, lequel n'est évidemment pas dissociable de celui du monde. Heureusement, l'avenir n'est pas à découvrir mais à inventer.

Gérard Mermet

La nouvelle donne marketing vue par monDirecteurMarketing

Le marasme qui a laminé nos économies et continue de les affecter durablement ne peut être uniquement interprété comme un phénomène conjoncturel, mais annonce ou précipite une mutation profonde de notre environnement. En fait, depuis le début du 21° siècle, et après plusieurs décennies de gestation et de spasmes, 3 grands facteurs se conjuguent pour façonner un nouveau modèle de société d'envergure planétaire :
1. la mutation numérique et la virtualisation des flux marchands, financiers et de communication interpersonnelle (télécommunication multimédia, e-commerce, progiciels de gestion intégrés, bourse en ligne, réseaux sociaux, ...) ;
2. la mutation écologique et la transition impérieuse vers une économie responsable, durable et plus parcimonieuse (fin de l'ère pétrolière, énergies propres, réduction de l'empreinte carbone, recyclage, agriculture biologique, ...) ;
3. la mutation économique et le passage inéluctable à un système plus équitable, régulé, moralisé (interventionnisme d'Etat, gouvernance financière et bancaire, réhabilitation du capitalisme d'entreprise, sauvegarde des solidarités sociales, ...).

Chacun de ces facteurs a une incidence sur les autres :
• la mutation numérique accélère la mondialisation et la financiarisation de l'économie, tandis qu'elle met en relief l'interdépendance et la fragilité du village mondial que nous habitons ;
• la mutation écologique redessine le paysage industriel et les cycles de vie des produits, repense la cohabitation des hommes et légitime les technologies de communication non polluantes ;
• la mutation économique recherche de nouveaux tremplins, de nouveaux gisements de croissance, que le numérique et désormais l'écologie sont susceptibles de lui procurer.

Sous cette triple influence, à peu près tous nos repères et toutes les frontières traditionnelles volent en éclat : l'espace, le temps, le rapport à l'argent, au travail, à la consommation, la conscience de soi, de l'autre et des interactions humaines, etc. Une nouvelle citoyenneté socioéconomique est en train d'émerger, de nouvelles valeurs et de nouvelles aspirations, qui se traduisent par une modification lente mais irrésistible des comportements d'achat, des usages, de la hiérarchie des besoins.

Il est même plausible de parler d'une véritable "Renaissance du 21° siècle", à l'instar de celle qui eut lieu 500 ans auparavant. L'une et l'autre succèdent et tentent de s'opposer à des périodes tumultueuses, douloureuses, voire sombres, de notre Histoire universelle. L'une et l'autre réhabilitent et réinventent des modèles antérieurs - ce fut à l'époque l'Antiquité - occultés par l'amnésie du temps, la dictature des dogmes (ou des modes...), l'enchaînement irrépressible des événements.
C'est aujourd'hui la redécouverte de la simplicité et de l'authenticité : le bon sens, la proximité, l'utile, mais aussi l'accomplissement de soi dans des sphères moins mercantiles. Bref, la quête d'un bonheur moins superficiel, où le mieux supplante le plus. Face à cette perspective aux accents parfois ascétiques, d'aucuns emploieront les termes équivoques de dépouillement ou d'austérité et sous-entendront, sinon le déclin de la civilisation occidentale, du moins l'avènement d'une improbable société de la non-croissance.
Évidemment, la vérité est quelque part entre le monde que nous héritons et celui qui s'esquisse sommairement dans nos propos. Loin de tout idéalisme ou de tout angélisme, considérons bien que cette Renaissance ne fera pas table rase du passé, et ne verra disparaître ni la médiocrité, les égoïsmes, les inégalités, ni la cupidité.
Cependant, par nécessité ou par choix assumé, Homo Consumeris se transforme sous nos yeux en Homo Agilis : l'homme agile ! Ubiquitaire, léger et interconnecté, moins matérialiste, voire franchement méditatif, mais surtout plus économe, plus frugal, plus flexible et adaptable.

Ramenée au modeste niveau de l'entreprise et de ses enjeux marketing, cette Renaissance du 21° siècle a des répercussions immenses et fondamentales. Nous osons parler d'une nouvelle donne marketing, que nous désignons par "le Marketing XXI", où XXI s'entend aussi "extra extra inventif".