Rien ne sera plus comme avant.

Le choc financier de ces derniers mois est le symptôme supplémentaire d'un profond bouleversement socioéconomique entamé il y a deux décennies.

Mondialisation, nouvelles technologies, développement durable. Progressivement, émerge un nouveau modèle de société.

Il y a plus de 50 ans, l'économiste Peter Drucker écrivait :

"l'entreprise n'a que deux objectifs : le marketing et l'innovation".

Vu de votre entreprise, de votre secteur d'activité, de votre marché, exprimez et partagez sur ce blog votre analyse et votre expérience de dirigeant de TPE-PME sur la mutation marketing ainsi engagée : concurrence, nouveaux usages et attentes de vos clients, gisements de croissance, etc. et leurs conséquences sur vos offres à venir.

Comment monDirecteurMarketing analyse les mutations en cours.


Nos prédictions sectorielles :

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samedi 23 janvier 2010

La crise change les habitudes des Européens

L'Observatoire Cetelem 2010 vient de publier les résultats de son étude sur les consommateurs européen conduite en décembre 2009.

Cliquez ici pour obtenir le rapport d'étude complet

Près de deux Européens sur trois (64%) estiment que la crise a changé "durablement" leur façon de consommer, les ménages privilégiant désormais les produits bio et d'occasion. En France, ils sont même 73% à le penser.

Cette enquête montre également que 34% d'entre eux souhaitent augmenter leur épargne au cours des douze prochains mois, contre 22% un an plus tôt. C'est un niveau qui n'avait plus été atteint depuis 2005, selon l'étude.
Dans le détail, les Français sont plutôt hésitants. Ils prévoient un niveau d'épargne (30%) similaire à celui de leurs dépenses (31%).

"L'heure est au mieux-vivre. Le mieux consommer est préférable au tout consommer (...) La crise affirme le besoin de retrouver le juste prix et la qualité", souligne l'enquête.
Ainsi, près de deux Européens sur trois (64%), et trois Français sur quatre (73%), entendent changer "durablement" leur façon de consommer.

Ce nouveau comportement fait ressortir deux tendances principales.

Plus d'un tiers des Européens (38%) achètent ou consomment fréquemment des aliments bio. En France, ils sont 37% à déclarer consommer régulièrement des produits bio. "Consommer écologique est devenu une réalité. C'est rentré dans les moeurs", conclut l'étude.

La crise a également favorisé l'essor d'un autre phénomène: le marché des produits d'occasion, montre l'étude. Près de la moitié (47%) des ménages européens jugent nécessaire d'acheter des produits d'occasion.

64% d'Européens ont acheté au moins une fois une voiture d'occasion, 60% des produits culturels (livres, CD, films, jeux vidéos...), 43% du textile (vêtements), et 33% des jouets pour enfants.

A l'inverse, seuls 10% des Européens affirment acheter "fréquemment"
des produits équitables ou achats responsables, parce que ceux-ci sont "chers" et l'offre n'est pas assez développée, d'après l'enquête.

dimanche 10 janvier 2010

5 prévisions de consommation pour 2010

L'année 2009 a été charnière pour la consommation. Et 2010 réserve sans doute quelques nouvelles surprises aux spécialistes du marketing. D'autant que les comportements semblent évoluer en accéléré. Comme si les Français avaient compris que le seul moyen de répondre à une crise aussi protéiforme était d'adapter en permanence leurs modes d'achat. Résultat : ce qui pouvait sembler réservé à une frange limitée de la population se diffuse de plus en plus rapidement. Et les phénomènes émergents se métamorphosent en vraies tendances. Si l'envie de consommer perdure, elle suit de nouveaux chemins.

1 Le retour aux basiques

La quête de l'essentiel n'a jamais été autant d'actualité. La moitié des Français reconnaît avoir appris à moins consommer n'importe comment, selon le dernier baromètre de Gfk sur la crise. Et, avant d'acheter, la même proportion se pose davantage de questions comme : « Est-ce que j'en ai vraiment besoin ? » ou « Est-ce que c'est solide, de bonne qualité, est-ce que cela va durer longtemps ? » indique, de son côté, une étude sur la crise et la consommation menée par Euro RSCG C & O, en partenariat avec Harris Interactive.
La ruée vers le nouveau magasin Uniqlo, ouvert début octobre à côté de l'Opéra à Paris, a apporté la preuve de cette envie de dépenser utile. L'enseigne japonaise propose en effet des basiques allant des sous-vêtements chauds aux pulls en cachemire. Alors qu'au même moment, le modèle H & M, surfant davantage sur les phénomènes de mode, connaît un léger essoufflement, avec un recul mondial des ventes à surface comparable.
Les Français ajustent aussi leurs habitudes alimentaires. Cela se traduit par exemple, chez Picard, par une progression des ventes de produits bruts, à cuisiner. « Nous avons passé en revue toute l'offre. Aujourd'hui, il faut être plus que jamais dans le quotidien des gens, en leur proposant des produits attractifs à l'achat mais leur permettant aussi de se faire plaisir », remarque Patricia Guyot, directrice commerciale.

2 Les courses de proximité

Les Français veulent pouvoir faire leurs courses près de chez eux. C'est un critère important pour 78 % d'entre eux, selon l'étude SIMM 2009 de TNS Media Intelligence. La moitié des consommateurs rêve de pouvoir y aller à pied ou en transport en commun, contre seulement 30 % en 2002. Et le shopping en centre-ville progresse lui aussi. C'est l'un des facteurs faisant souffrir les centres commerciaux. Leur indice de fréquentation était en baisse en novembre de 3,6 % sur douze mois glissants, selon leur Conseil national.
A l'avenir, le premier souhait des consommateurs est d'avoir plus de petits supermarchés dans les quartiers d'habitation, selon l'enquête SIMM. Il s'y ajoute des attentes en matière de services. Et chez certains perce l'envie de recréer un lien avec le commerçant.

3 La perte de repères face au prix

Le consommateur veut en avoir pour son argent… tout en ayant de moins en moins de repères en matière de prix, constate Danielle Rapoport, directrice du cabinet d'études et de conseil DRC. Il faut dire que tout complique le décryptage : la différence de tarifs entre Internet et magasins, l'instauration des soldes flottants qui multiplient les occasions d'étiquettes en baisse ou les promotions tous azimuts.
Résultat : « La valeur perçue d'un produit agrège de multiples éléments et le prix n'est plus le seul signe en matière de niveau de gamme », souligne Dominique Lévy, directrice associée et directrice du planning stratégique de TNS Sofres. Tandis que les promotions portant sur les quantités sont perçues par une partie de la population comme favorisant la gaspillage.

4 La montée de l'occasion

Vendre ou acheter des produits d'occasion est entré dans les moeurs. Les tabous sont définitivement tombés. La revente de cadeaux de Noël sur Internet vient d'en témoigner, avec des scores de produits proposés en ligne jamais égalés. Mais le phénomène a pris de l'ampleur bien au-delà des fêtes. Plus de deux Français sur trois se sont adonnés en 2009 à des transactions entre particuliers, sur Internet comme dans les vide-greniers, selon le Baromètre du CtoC PriceMinister -La Poste, réalisé par l'institut OpinionWay. Produits les plus achetés : les livres, suivis des DVD et des vêtements.
« Ce goût pour le commerce entre consommateurs participe aussi de la volonté de recycler, de remettre dans la boucle des produits dont on n'a plus l'usage », observe, en outre, Philippe Le Magueresse, directeur des études marketing chez OpinionWay. Un argument qui arrive avant celui du prix réduit.

5 Le durable : oui, mais !

Le développement durable sous toutes ses formes a pris de l'importance dans les préoccupations des Français. Dans les motifs de fidélité à une marque, si le fait de proposer de bonnes affaires et des privilèges arrive en tête, il est tout de suite suivi par le souci de l'environnement et par la fabrication des produits « dans le respect de l'Homme », selon l'étude d'Euro RSCG C&O. Cette année, 85 % des foyers, soit 1 million de plus qu'en 2008, ont acheté au moins une fois un produit bio, vert ou équitable, selon TNS Worldpanel.
Mais ces gammes ne représentent encore que 2 % du budget des ménages. Et on continue à constater un décalage entre les déclarations d'intention et la réalité du terrain. Selon l'étude Publicité & Société réalisée par TNS Sofres pour l'agence Australie, les Français estiment d'ailleurs que la communication des marques est déjà suffisamment verte.

Clotilde Briard
Les Echos

lundi 4 janvier 2010

Modifications de la consommation en 2010

Des bijoux clinquants, des appareils aux multiples fonctionnalités dont on ne se sert jamais ou encore des vacances à prix discount : autant d'éléments qui ont marqué la décennie écoulée, mais qui ne devraient pas tarder à disparaître, prédisent les spécialistes.
Quelles seront les principales modifications du paysage de la consommation en 2010 et quel impact auront-elles? Tentative de réponse en six points.

1. Des produits qui répondent aux besoins, ni plus ni moins

Fini la surenchère technique ou technologique qui ne répond pas à une attente du consommateur. Prenez les téléphones portables : de nombreuses personnes veulent un appareil qui permet de passer un coup de fil et d'envoyer des SMS. Sans devoir payer l'appareil photo et d'autres gadgets. Idem pour les ordinateurs: en témoigne le succès rencontré par les miniportables essentiellement dédiés à surfer sur Internet et faire de la bureautique.
En 2010, la préférence des consommateurs ira plus que jamais aux objets qui répondent de manière simple et rapide à leurs besoins. Ni plus, ni moins. Même le très branché magazine anglais Wired l'annonce : la révolution du «good enough», littéralement du «suffisamment bon», est en marche.
Et elle touchera aussi le domaine de l'automobile. Oubliez le modèle dernier cri et toutes options d'un grand constructeur! La Tata Nano fera très bien l'affaire. Cette minicitadine, lancée au printemps 2009 en Inde, ne possède ni climatisation, ni direction assistée. Confort spartiate donc, mais pour la modique somme de 2500 dollars, la Tata Nano fait ce que l'on attend au minimum d'un véhicule: elle permet à son propriétaire de se déplacer. Sûr de son coup, le constructeur prévoit de commercialiser un modèle similaire en Europe et aux Etats-Unis.

2. L'essor du virtuel et de la location

Vous avez remplacé votre collection de CD par une bibliothèque de fichiers MP3 ? Ce n'est qu'un début. Le DVD est lui aussi voué à se raréfier, enterré par les offres de vidéo à la demande qui se multiplient sur toutes les plates-formes : ordinateur, téléviseur ou encore consoles de jeux. Plus de doute, les supports physiques sont en voie de disparition. Prochaine victime désignée : les livres. La semaine dernière, le site Amazon.com annonçait pour la première fois avoir vendu davantage de version électronique que de version papier durant les fêtes aux Etats-Unis.
Les biens culturels sont désormais aisément accessibles en tout temps de manière virtuelle. Le consommateur ne ressent plus le besoin d'en disposer physiquement. Et cela va même plus loin : il ne désire plus le posséder et se contente de le louer durant le laps de temps où il en a besoin. C'est le cas avec la vidéo à la demande qui permet de louer un film pour quelques heures.
L'achat est peu à peu remplacé par la location. Une économie de fonctionnalité, comme l'appellent les spécialistes, qui commence également à poindre dans le domaine de la mobilité avec des concepts tels que Mobility ou les vélos en libre-service.

3. La fin du bling-bling

«Les gens veulent plus d'authenticité, moins de bling-bling et de tape- à-l'oeil.» C'est un connaisseur qui le dit : Jean-Jacques Gauer est président de la prestigieuse chaîne «The Leading Hotels of the Word» qui rassemble quelque 450 établissements de luxe dans le monde.
L'homme, par ailleurs directeur du Lausanne Palace, commentait cette semaine dans la presse économique française l'évolution de l'hôtellerie de luxe, mais le constat qu'il dresse dépasse largement son secteur d'activité.
Horlogers, joailliers, et autres producteurs d'objets de prestige font également face à ce nouveau comportement et doivent renouveler leur offre. Le luxe de demain ne passera plus par l'accumulation de signes ostentatoires de richesse. Les montres et bijoux clinquants, tout comme les berlines de luxe n'auront plus la cote.
«Il s'agira de se montrer plus humble, plus authentique et plus transparent, explique David Bosshart, directeur de l'Institut Gottlieb Duttweiler. On privilégiera également davantage la convivialité.» En un mot: être plutôt qu'avoir.
Reste à savoir s'il s'agit là d'un changement durable ou si, provisoirement remisé au fond d'un tiroir, le bling-bling réapparaîtra aussitôt la crise passée...

4. La «green attitude» s'affiche

Si l'exhibition de ses richesses ne sera plus à la mode en 2010, elle sera remplacée par l'affichage de sa sensibilité écologique.
«Certaines personnes dépensent désormais volontiers plusieurs milliers de francs pour planter une éolienne dans leur jardin ou mettre un panneau solaire sur leur toit, analyse Reinier Evers, fondateur de trendwatching.com. Pas seulement parce que ça préserve l'environnement ou que ça leur fait économiser un peu d'argent à long terme, mais surtout en raison de l'image positive que cela renvoie du propriétaire.»
Recycler ses déchets, acheter bio et limiter ses émissions de CO2 c'est bien, le faire savoir au reste du monde, ce sera encore mieux.

5. Méfiance envers le low-cost

La décennie écoulée a consacré le modèle du «low-cost» comme remède miracle face à la baisse du pouvoir d'achat. Des voyages à la grande distribution, plus aucun secteur n'échappe au phénomène.
Seulement voilà : certains observateurs tirent la sonnette d'alarme.
Ils dénoncent les conséquences néfastes de ce qui ressemble au premier abord à la pierre philosophale de l'économie moderne.
«Le low-cost se traduit le plus souvent par une logique folle de réduction des coûts au détriment de la qualité des produits, des conditions de travail des salariés, des emplois, de la santé et de la sécurité des consommateurs», dénoncent notamment les journalistes Bruno Fay et Stéphane Reynaud dans un récent essai intitulé «No low- cost» (Ed. Du Moment).
Certes, les consommateurs ne renonceront pas au low-cost en 2010, mais une prise de conscience d'une partie d'entre eux pourrait sérieusement freiner le modèle économique phare de ce début de siècle.

6. Retour en ville

Travailler à deux pas de son domicile et n'avoir que quelques mètres à parcourir pour aller au cinéma ou faire ses courses ? La proximité s'impose comme une philosophie de vie. Une manière aussi de réaliser des économies, par exemple en renonçant à sa voiture.
Plus de la moitié des habitants de la planète vivent déjà en ville.
Cette proportion croît depuis plusieurs années et il n'y a pas de raison que cela cesse. D'autant plus que dorénavant, les cités font des efforts pour rendre la vie plus agréable en ménageant par exemple des espaces verts sous forme de parcs ou de jardins urbains.

Alexandre Haederli
Le Matin Dimanche (Suisse) - 2 janvier 2010